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  • Jo M. Sekimonyo

Est de la RDC : malédiction et exorcisme (Tribune Jo M. Sekimonyo)

Comme partout dans le tiers-monde, les thèses qui sculptent les résolutions pour paralyser le gâchis humain à l'est de la RDC s'appuient sur une déduction rationnelle souvent motivée par des émotions et des sentiments personnels plutôt que sur une induction logique indépendante de tout instinct.

Bien qu'une nouvelle descente aux enfers soit à juste titre à craindre, les conflits en RDC n'ont jamais opposé un être à un voisin. La monstruosité a souvent été l'œuvre d'élites tribales opposant une fraction de pauvres à une autre fraction de pauvres blâmés, et leurs ambitions et leur haine deviennent incontrôlables, ou les désespérés se sont transformés en petits gangs ou en miliciens modérément organisés, avec l'éloge tacite des anciens seigneurs de guerre désorientés devenus des politiciens cyniques ou de pays voisins avides.

La pauvreté exacerbe une identité culturelle lorsqu'elle est liée à un territoire qui, à son tour, remet constamment en cause l'identité nationale. Rien n'est plus toxique que l'obsession de l'homogénéité culturelle. Le tribalisme est une autre forme de concept de pureté raciale. Qui dit pureté raciale dit toujours hiérarchie raciale. La hiérarchie raciale prône l'existence du digne et de l'indigne. Il convient de noter que le consensus autour de la hiérarchie raciale du groupe le plus brutal et le plus impitoyable prévaut toujours.

Là encore, il est indéniable que la dynamique de trahison par tous les types de Congolais à l'intérieur et à l'extérieur du pays pour évincer Mobutu du pouvoir a provoqué l'enfer, certains cherchant à gagner et d'autres cherchant à conserver leur influence politique ou leur pouvoir économique ont semé les graines de violence insensée.

Analyse de la situation dans l'Est de la RDC dans son ensemble

Il faut discerner les erreurs idéologiques sociales et économiques qui aveuglent la RDC. Il est facile de blâmer les perspectives économiques des voisins à l'Est de la RDC ou le capitalisme comme la cause profonde de son environnement social toxique. Dans le passé, la Tanzanie et la Zambie ont déclenché ensemble l'indépendance de plusieurs pays africains. Quant à la RDC, mis à part le moment où la Tanzanie en a eu marre et est entrée et a expulsé le M23, les deux pays ont adopté une position commerciale économique plus non invasive. Nous pouvons appeler la relation entre ces nations et le pH de la RDC équilibré (vérifiez vos livres de chimie).

Du côté du déséquilibre du pH, on peut d'abord regrouper l'Ouganda et le Burundi pour leur myopie économique pour qui la préservation de l'ordre social fécondé par un culte obscur prime sur l'évolution sociale et la croissance économique. Il y a ensuite le Rwanda, pour qui la stabilité sociale primitive doit impérativement être nourrie par une croissance constante de son importance dans le marché mondial, tourné vers la politique du parasite économique. Enfin, le Soudan du Sud est un pays en proie à des conflits politiques aggravés par des difficultés économiques. Le Rwanda ou l'Ouganda, deux cas à souligner, ce ne sont que des boucs émissaires qui s'en réjouissent et en profitent pour servir de prétexte à une élite congolaise enfin pour marchander une perception d'irresponsabilité et le million de pauvres qui continuent d'embrasser des réponses faciles comme celle-ci.

Le Rwanda est économiquement un château de sable qui s'effondrera en raison de la pression insensée nécessaire pour maintenir la façade de l'évolution sociale. Le Burundi est désorienté socialement, politiquement et économiquement. Le Soudan du Sud est un nouveau terrain de jeu pour les institutions internationales. Alors que l'Ouganda est aux prises avec les implications d'un traumatisme transgénérationnel auto-généré. Tout cela devrait être le cadet des soucis des Congolais.

Quoi qu'il en soit, tout pays voisin ajustant son économie pour abuser du potentiel ou des ressources naturelles de la RDC passera de prédateur à proie ou esclave des Congolais, une fois que cette nation se sera ressaisie, ce qui arrivera tôt ou tard.

Dès le début, la mission de maintien de la paix des Nations Unies chargée de protéger les civils et de construire la paix en RDC était vouée à l'échec à cause des personnes qui avaient été envoyées et de la véritable raison pour laquelle les Congolais continuaient à massacrer. L'histoire d'un contingent militaire d'un pays pauvre envoyé dans une mine d'or pour aplanir la différence barbare entre des pauvres délirants dont les élites s'aventurent pour échapper à la pauvreté ou préserver leur illusion d'opulence en escaladant des tas de crânes humains ne se termine généralement pas bien. Hélas, la mission de l'ONU est devenue le bouc émissaire idéal pour la jeunesse désespérée et l'élite sociale et politique inapte.

Sisyphe

Malgré la diligence requise pour trouver le remède le plus utile, les nations n'ont parfois pas la réponse de guérison attendue. Parfois c'est le dosage, la plupart du temps c'est le remède prescrit. Tout revient à l'erreur de diagnostic. Les bluffeurs ont convaincu le lumpenprolétariat congolais que la corruption, la mauvaise gouvernance et autres concepts abstraits font stagner la croissance économique de la RDC pour finalement marchander une perception d'irresponsabilité. La doctrine héritée de la colonisation selon laquelle c'est en fouettant qu'on obtient le meilleur des Nègres est encore de rigueur. L'utilisation excessive de la politique continue d'entraîner davantage de pertes en vies humaines et en argent.

Diagnostic socio-économique de l'Est de la RDC

En tournée sondant le dynamisme social et sa toxicité dans l'une des régions les plus dangereuses de l'est de la RDC, la scène de la jeep du commandant des opérations militaires devant être poussée à la main pour l'allumage m'a fait me gratter la tête. De même, dans les zones les plus reculées et rougies, sans accès à l'eau potable, à l'électricité fiable, aux infrastructures de santé, voire aux salles de classe, rien de plus surprenant de trouver un kiosque où l'on est sûr d'avoir des « mégas » pour rester connecté sur WhatsApp.

Hormis l'état dérisoire de la route et les nombreux barrages tenus par des militaires mendiant ou menaçant les chauffeurs de taxi ou de camion, vous comprendriez vraiment à quel point les gens qui vivent dans des conditions inhumaines ont une envie urgente de goûter et surtout de contribuer au 21e siècle. Hélas, ils n'ont ni les compétences ni la culture pour le faire.

Maladie

La réponse est claire et simple, ou devrait être, le niveau suffocant de pauvreté pandémique. Ceci reflète absolument l'insuffisance, ou dans la plupart des cas, l'absence des moyens de participation ou d'engagement du peuple congolais dans les entreprises ou dialogues du 21ème siècle. Par entreprises, je dirai, toute association ou consultation des capacités à tirer le meilleur parti des attributs du commerce contemporain. Et par la participation ou l'engagement, c'est-à-dire les compétences mais aussi l'accès au capital.

Une qualité médiocre de nos moyens est intimement liée à un niveau de vie médiocre. Il faut dire ici qu'au 21ème siècle, un diplôme universitaire n'accorde pas automatiquement une pertinence ou une épingle intellectuelle.

Il est alarmant de voir l'attention microscopique portée aux facteurs socio-économiques qui déclenchent les troubles civils, tandis que les grognes politico-ethniques sont immédiatement mises en cause. Et pourtant, dans les pays en développement, où les coûts de la guerre sont généralement moins élevés que dans les pays développés, les risques de guerre sont plus grands. La Belgique a le même degré de division ethnique et à peu près la même taille de population et la même superficie que le Burundi. Ce qui différencie les deux nations, c'est le niveau de revenu et la mobilité (le sentiment d'avoir la chance de faire mieux). Les facteurs socio-économiques sont les principales causes de la violence à l'Est, bien qu'on parle souvent de conflit ethnique.

Les Congolais de l'Est estiment-ils qu'ils ont beaucoup à perdre en s'engageant dans des troubles civils ou dans la violence ? Le premier facteur est le revenu. Les personnes qui sont déjà au soleil ont relativement peu à perdre d'un conflit. Le deuxième aspect est la mobilité. Les salaires locaux étant bas partout ailleurs, on ne peut pas faire mieux ailleurs. Le pillage par les jeunes ou l'attrait de la milice est dû au fait qu'ils ont très peu à perdre et qu'un emploi productif ne leur donne que peu ou pas d'avantages.

Les entraves

L'économie coloniale était axée sur la satisfaction des besoins de l'Europe en matières premières. La principale caractéristique était l'investissement dans les infrastructures pour soutenir uniquement les activités minières et connexes. De plus, aucun investissement dans le développement du capital humain et des services sociaux adéquats pour les colonisés n'a été fait.

Les cadres de l'administration coloniale ont nié les droits humains de la majorité des peuples autochtones à exploiter leurs ressources. La cruauté qui accompagnait tous les échecs du pouvoir colonial indiquait sa fermentation dans l'imposition de la hiérarchie administrative.

Même plus d'un demi-siècle après l'indépendance, chaque fois qu'un universitaire congolais articule une approche économique du progrès social et de la croissance économique, il est démontré que l'esprit de la politique économique coloniale règne en maître à cette époque.

La dictature de Mobutu est marquée par des terreurs sociales et des erreurs économiques. Il se réorganise pour faire de la nation une colonie de services et pour accompagner le développement des élites dans la nouvelle métropole, Kinshasa. Le même bloc de construction est toujours en place. Provincettes est une réaffirmation du contrôle et de l'aliénation des terres coloniales qui, de manière prévisible, engendre une économie politique et sociale fragmentée et une dépendance plus grave entre les sexes.

Et puis, même plus d'un demi-siècle après l'indépendance, chaque fois qu'un savant congolais articule une approche économique du progrès social et de la croissance économique, il est démontré que l'esprit de la politique économique coloniale règne en maître à cette époque.

La géopolitique est tout simplement du tribalisme institutionnel. Et dans cet environnement, lorsque l'accès économique et les droits sociaux sont étouffés par la paranoïa ou les ambitions politiques de concurrents tribaux idéologiques, les humains activent leurs instincts primitifs de survie, ce qui désactive notre conscience. Dans ce genre de brouillard, les partis politiques sont organisés selon des lignes ethniques qui encouragent la division sociale au lieu de l'intégration. Par la suite, les formes d'inégalités socio-économiques deviennent plus explicites en raison de la répartition inégale des emplois, des contrats et des services publics entre les différents groupes.

Le traitement

La proposition est une expérience fougueuse d'édition de gènes sociaux, politiques et économiques dans l'est de la RDC, donnant la priorité aux solutions économiques à long terme plutôt qu'aux bandeaux politiques à court terme. Des remèdes socio-économiques contribueraient à créer une société meilleure et à réduire les rivalités ethniques. Lors de la conception et de la mise en œuvre des politiques économiques, les « entrepreneurs ethniques » ne doivent pas être encouragés car ils entravent la notion d'unité nationale et de croissance économique. Kinshasa démontre à quel point l'hétérogénéité culturelle est plus que possible.

Testons ma proposition à l'Est pour l'édition de gènes sociaux et économiques. J'ai appelé la proposition le Plan Marshall pour démontrer la différence idéologique entre le remède économique après la Seconde Guerre mondiale et l'instrument punitif après la Première Guerre mondiale. Malheureusement, les économistes en herbe sont perdus dans l'essence de l'approche. Appelez cela le plan Jo M. Sekimonyo. Vous trouverez ci-dessous quelques aspects clés.

Économique:

Délocaliser le Conseil Economique et Social à l'Est afin de démilitariser nos solutions - Gigantesques projets d'infrastructures portés par des sociétés ou entreprises congolaises - Revoir le code minier, les redevances versées au gouvernement central et les recettes fiscales à l'administration locale - Augmenter le salaire minimum 1 dollar de l'heure - visa accordé gratuitement à n'importe quel point d'entrée à l'Est - adopter l'anglais comme langue officielle (non seulement parce que les nations voisines à l'Est parlent anglais, mais l'anglais est la langue mondiale).

Social:

Déduction fiscale des bourses et bourses d'études par les entreprises - Instaurer la pension de retraite minimale à 800 $ par mois - Programmes de repas scolaires avec des biens et services produits localement - Éliminer les structures habituelles de la nomenclature.

Politique:

Élection directe des sénateurs et des gouverneurs plutôt que leur sélection par les législateurs provinciaux - Éliminer l'élection au scrutin de liste - Déplacement des capitales provinciales vers des points chauds ou des zones enclavées - Référendum pour le regroupement des provinces de l'Est - Décentraliser la Commission électorale - Organiser des élections locales.

Région des Grands Lacs :

Accorder la citoyenneté congolaise aux FLDR les placera sous la juridiction directe de la RDC avec tous les droits et obligations en tant que citoyens de cette nation. Les implications nationales et transnationales complexes doivent être reportées à une autre longue articulation.


A terme, l'objectif est de moderniser substantiellement l'écosystème social, culturel, politique et économique par les Congolais et pour les Congolais, en grande partie en injectant des capitaux financiers dans les circuits locaux. L'Est de la RDC souffre d'une maladie répandue dans tout le pays comme dans toute l'Afrique. Les symptômes ou devrais-je dire les signes de la maladie sont tout simplement pires qu'ils ne peuvent l'être ailleurs. Donc, si nous ne pouvons pas guérir l'Est, nous ne pouvons pas guérir la RDC, et surtout pas l'Afrique, qui attend beaucoup de nous depuis les années 60.

En Afrique, au lieu de voisins socialement perdus et économiquement parasites, nous devons nous tourner vers le Nigeria, l'Afrique du Sud, l'Éthiopie et l'Égypte, d'autres géants pour trouver une solution à nos problèmes. Ils ont la clé de notre solution comme nous avons la leur.

Jo M. Sekimonyo – Auteur, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique

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