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  • Jo M. Sekimonyo

Le Journal Le Potentiel - Page 7

Le gouvernement est enfin là. De votre avis, quels sont les axes prioritaires par lesquels il faut commencer pour relancer l’économie de la République démocratique du Congo ? A l’heure actuelle, je conseille au gouvernement d’éviter la précipitation dans ses actions et de devenir populiste. Soins de santé gratuits pour tous ? Quelqu’un a-t-il jeté un coup d’œil à nos infrastructures de Santé publique ? Les actions doivent être précédées d’une réflexion approfondie et d’un débat. L’expertise du Premier ministre dans le domaine économique nous a été vantée. On attend donc de lui des signaux forts. Même si nous ne partageons pas cette école de pensées politiques et économiques, la première étape inquiétante dans le programme que j’ai lu semble être majeure. Il s’agit de l’ordre public. Cela a une odeur de priorité coloniale dans laquelle l’ordre public prenait le pas sur le bien-être des indigènes. Le gouvernement dit : « Le peuple d’abord » et moi, je dis : « Le Congolais d’abord ». Nous devrons attendre plus de détails sur l’aspect le plus attrayant et compatissant de la feuille de route du gouvernement sur la création d’opportunités pour la croissance de l’esprit d’entrepreneuriat avant un verdict décisif. Qualifié ‘‘d’éléphantesque’’, ce gouvernement augure-t-il des signaux forts afin de relever les défis socioéconomiques? Au fait, la composition du gouverne- ment dépeint un partage idéal entre le FCC et le CACH et récompense les bons soldats. D’abord, il faut savoir que la taille du gouvernement remet déjà en question sa capacité à concocter une identité qui ciblera l’humiliation quotidienne socioéconomique des Congolais. Investi, c’est bien ! Mais ce gouvernement ne doit pas emprunter les quatre chemins. Il doit plancher sur des actions sur l’amélioration des conditions socioéconomiques des Congolais au lieu d’amplifier l’obsession internationale sur le patrimoine de la RDC. Donc, le simple défi est de prouver que nous avons tort. Ce qui profitera aux Congolais. Comment réagissez-vous au su- jet d’un budget de 2,6 milliards USD alloué à l’Enseignement de base en RDC ? Avant d’en arriver au cœur du problème, il sied de commencer par le diagnostic à moitié aveugle. Le système éducatif de la République démocratique du Congo fait face à deux problèmes : une faible couverture de l’espace national et une qualité médiocre. L’estimation la plus récente est de 3,5 millions ou 26,7% d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire qui ne sont pas scolarisés, dont 2,75 millions vivent loin des inquiétudes du pouvoir central. Quand les chiffres sont serrés, cela représente environ 180 dollars par an ou 15 dollars par mois d’investissement par enfant. La Colombie, qui est également infestée par les groupes rebelles, investit 6 000 USD. Avec un maigrichon bœuf et une charrue si lourde. Est-ce une différence en plaçant le pauvre animal devant ou derrière la charrue ? L’es- prit en soi vaut des applaudissements. Malheureusement, comme dirait George Christoph Lichtenberg, c’est « un couteau sans lame auquel ne man- que que le manche ». Le tableau dramatique des éco- les surpeuplées et en sous-effectif, avec des fournitures de matériels pédagogiques insuffisantes et des enseignants qui se plaignent de ne pas recevoir leurs salaires, détourne notre attention du dilemme réel. Le taux de chômage et les salaires ridicules sont deux facteurs humiliants pour les parents. Qu’en est-il lorsque ces enfants rentrent chez eux sans électricité et sans repas ? En fait, la mission fondamentale du gouvernement est d’aider à créer et à réglementer un écosystème approprié au lieu de jouer une mauvaise clause de père Noël. D’une part, il faut créer un haut Conseil d’éducation rempli d’hommes adroits qui aurait comme mission d’étudier comment accroître l’accès, l’équité ainsi que la qualité et la pertinence de l’éducation pour la jeunesse congolaise. Autre- ment dit, la question serait comment adapter le système d’éducation nationale pour promouvoir l’intégration sociale des jeunes à la concurrence mondiale des idées. D’autre part, en conjonction avec le haut Conseil d’éducation, c’est à un nouveau conseil économique, une boite sera remplie d’idéologues dans le domaine économique en vue d’étudier la possibilité de réduire le taux de chômage et d’étudier le revenu des parents. Tou- tes les réussites seront marquées par une augmentation drastique du PIB national par habitant avec une amélioration significative des résultats en matière de santé, tels que la mortalité infantile. Pensez-vous que l’audit financier lancé par l’ANR connaîtra un impact positif sur la gestion du Trésor public ? Il s’agit d’une quête romantique à la fois amusante. Loin d’être le chantre de cannibales financiers, c’est reconnaître, d’une part, que la ligne de démarcation entre vol et gaspillage a été brouillée par une multitude de consentements immoraux dans toutes les souches de la société tels que le tribalisme, le populisme, l’élitisme, la prostitution intellectuelle et surtout la religion. Un commentaire sur la 7ème conférence de Tokyo sur le développement d’Afrique... ? Les Tiers-mondistes sont aujourd’hui confrontés au dilemme du modèle en ce qui concerne la sélection de l’explosion la plus élégante consistant à se sortir de l’égout socio-économique. Avons-nous oublié les crimes japonais commis au Katanga dans les années 70 ? Le Japon parle de pays africains très endettés, alors qu’il accumule depuis plus d’une génération plus de 10 000 milliards de dollars de dettes et avait triché pour devenir une puissance économique. Les Congolais doivent réévaluer le consensus moral de la nation. Les Congolais sont aussi humains que les êtres au premier monde !!! Le défi le plus complexe consiste à transformer le commun des Congolais en griot passionné par les mentalités coloniales, ou participant passif au change- ment de paradigme local, en contributeur et profiteur de la manière dont l’avenir est écrit. Pour mieux digérer cette ré- flexion, je dirai qu’il faut transformer cette nation en une économie de haute valeur. Il est question d’abord de se débarrasser de la dépendance de miser sur les paris les uns après les autres tout en espérant que les autres ne nous violeront pas sociale- ment, politiquement et surtout économiquement. L’ensemble du continent africain attend de nous que nous surmontions notre illusion d’une adolescence perpétuelle et que nous soyons le fer de lance d’un nouveau récit africain. Ce n’est pas un sens exceptionnel de la RDC, mais un consensus social, politique, économique et sur- tout moral.

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