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  • Jo M. Sekimonyo

RDC : impact de l’invasion russe de l’Ukraine – la loi d’Engels

Ces jours-ci, de nombreuses voix scandent que l’invasion de l’Ukraine par la Russie « pourrait » créer une crise alimentaire mondiale. Par le fait qu’elle perturbe la production agricole et le commerce dans l’une des principales régions exportatrices du monde, elle menace clairement de faire encore grimper les prix des denrées alimentaires et de créer des pénuries. Tout le monde pleurniche déjà pour les pays en développements.

L’économie, un sujet trop abstrait ? Dans le monde développé, elle imprègne leur quotidien, de l’évolution des prix au supermarché du coin à l’ouverture d’un compte bancaire, en passant par la recherche d’un job d’été, l’économie suscite de nombreuses inquiétudes.

L’économie suscite également de nombreuses inquiétudes chez les Tiers-Mondistes, mais les raisons et les implications sont très différentes, car la notion d’un supermarché local, pour ouvrir un compte bancaire, ou un emploi d’été pour les jeunes sont des concepts pour la plupart abstraits. Même dans les universités, fréquentées par des jeunes désireux d’acquérir le principe du fonctionnement des entreprises ou du commerce international, l’économie est présentée loin de leur réalité. Malheureusement, les trajectoires économiques des amés sur des terres qualifiées de pays en développement sont cartographiées ou projetées par des êtres à des kilomètres ou simplement là-bas avec leur conscience à des kilomètres. C’est ainsi que le consensus sur les conséquences d’une catastrophe mondiale sur eux est souvent dramatisé ou caricaturé.

En RDC, un certain nombre d’idées politiques sont avancées pour réduire la dépendance à l’égard de la Russie et de l’Ukraine, comme pour toute importation. L’intention de faire le système agricole et alimentaire de la RDC plus résilient est présentée comme une nécessité absolue au-delà de cette guerre dans le contexte des menaces imminentes du changement climatique, de la rareté de l’eau et des conflits. Ceci sans considérer ou sans comprendre le point faible de l’économie nationale de la RDC qui en fait une victime probable.

La loi d’Engels est l’approche appropriée pour décortiquer les implications d’une forte hausse des prix alimentaires et des pénuries induites par la guerre Ukraine-Russie, pour les Congolais en RDC.

Qu’est-ce que la loi d’Engel ?

La loi d’Engel est une observation en économie qui décrit la relation entre le revenu du ménage et les dépenses d’un bien ou d’un service particulier.

D’une part, cela indique qu’à mesure que le revenu familial augmente, la proportion du revenu consacrée à l’alimentation diminue, bien que les dépenses absolues consacrées à l’alimentation continuent d’augmenter. Le contraire devrait être clair ici.

D’autre part, la loi d’Engel soutient que les ménages à faible revenu consacrent une plus grande proportion de leur revenu à l’alimentation que ceux à revenu moyen ou supérieur. La consommation alimentaire représente généralement une grande partie du budget d’une famille pauvre, car les riches ont tendance à consacrer une plus grande partie de leurs revenus à d’autres articles, tels que les divertissements et les produits de luxe.

Traduire en juxtaposant le congolais au dilemme de la RDC

Lorsque nous relions les deux aspects ci-dessus dans un pays où le taux de chômage est déjà très élevé et où la plupart des gens vivent en dessous du seuil de pauvreté, le tableau est sombre. Et pour la RDC, l’aiguille du baromètre a peut-être été cassée il y a longtemps, à l’extrémité négative.

Il faut aussi admettre que les divertissements médiocres et les faux luxes sont pour les Congolais en RDC une manière d’apaiser la douleur de l’humiliation sociale et économique quotidienne. Cette pilule s’est également avérée être vraiment addictive. Par conséquent, les hausses des prix des denrées alimentaires et les pénuries ne peuvent qu’inciter davantage à consommer cette drogue.

La guerre russo-ukrainienne pose un grand défi à la sécurité alimentaire mondiale et des obstacles particulièrement difficiles pour la RDC pour des autres raisons que la plupart omettent de mentionner et que je me surprends à répéter tout le temps, les faibles revenus et le chômage élevé. Dans le cas où de mauvaises vagues atteignent la RDC, les impacts dépendront des réponses à l’humiliation sociale et économique continue subie par les Congolais à l’intérieur de ses frontières plutôt que des réactions à la hausse des prix des denrées alimentaires et les pénuries, qui a été le cas lors du drame mondial du covid.

Bref, nous ne devrions pas paniquer à propos d’éventuelles hausses des prix des denrées alimentaires ou de toute pénurie de produits, nous devrions plutôt perdre la tête à quel point nos poches sont vides ou le peu d’argent caché sous nos lits.

La RDC pourrait atténuer ou surfer sur cet océan de douleur parce que l’économie nationale est déjà si primitive et le peuple congolais si peu pertinent dans le circuit mondial. Mais les chocs ou la paranoïa autour des événements majeurs comme la guerre russo-ukrainienne rappellent également la nécessité d’une réforme et des solutions à plus long terme.

La décentralisation de nos structures est essentielle. Mais la décentralisation s’est déjà révélée être un gâchis sans la volonté de localiser, c’est-à-dire de briser le cycle du parachutage ou de l’onction des êtres de Kinshasa qui finissent par tout ramener à l’ancien, un centre de commandement. Là encore, il ne faut pas confondre localiser avec indigèneser ou en un autre terme tribaliser dont le poison a une forte emprise sur nos aspirations.

Jo M. Sekimonyo

Auteur, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique

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